40 ans de l'ASN rugby de narrosse

1974-2014 : L’Association Sportive Narrossaise a quarante ans. Un premier stade « sous haute tension ! »

Les hauts poteaux qui signalent l’actuel stade de Narrosse, disent évidemment qu’ici, on est en pays de rugby. Car personne n’imaginerait que le principal club sportif de notre commune puisse avoir été fondé par un Picard, dont la trajectoire vaut d’être contée.

Né à Montdidier (Somme), aujourd’hui âgé de 91 ans, Georges Robillard se fit arrêter à Dax en 1943, alors qu’il fuyait en direction de l’Espagne, pour échapper au STO. Contraint de se présenter le lendemain au bureau des volontaires pour l’Allemagne il répondit au préposé qui s’étonnait qu’il ait parcouru 800km pour venir s’engager à Dax, qu’en réalité, s’il était à Dax c’était pour tenter d’y échapper. « Grand couillon tu pouvais pas le dire plus tôt ? » répondit l’employé qui téléphona aussitôt à un ami, M. De Mesmay, maire de Narrosse, qui planqua Georges pour le restant de la guerre dans l’une de ses métairies au fond de la commune. Evidemment, le métayer avait deux jolies filles dont l’une devint bientôt madame Robillard, avec laquelle Georges eut quatre enfants, dont deux garçons.

Malgré (ou à cause de) leur ascendance picarde, les deux garçons étaient si solides qu’ils firent vite deux bons rugbymen, dont l’appétit de jeu se vit cependant bridé par la concurrence des ténors de l’USD. Si bien qu’un jour, les deux fils, accompagnés d’une poignée de copains, vinrent solliciter Georges : « Papa, dessine nous un club de rugby ». Si Georges n’avait rien de l’aviateur du Petit Prince, il avait un ami : Jacky de Mesmay, le fils de celui qui l’avait planqué jadis, et qui lui dit : « vois les terres de mes métairies et choisis le terrain que tu veux ».

Cherchez la « rue de l’ancien stade », et vous trouverez la trace du premier stade de la commune. Vous voulez son emplacement exact ? Il était sous la ligne Haute tension, ce qui faillit rendre impossible son habilitation, malgré l’assurance de « Bala » qui garantit que même son coup pied ne pourrait jamais envoyer un ballon aussi haut que la ligne. Ces deux indices ne vous suffisent pas ? Cherchez la grange de la ferme Cazaillon, qui servit un moment de vestiaire : on déménageait les bêtes, nettoyait l’étable avant que les équipes ne prennent possession des lieux, tandis qu’un chauffe-eau mettait à bonne température les 400 litres de deux fûts pour les douches. De tous les visiteurs, les Montfortais furent les seuls à se plaindre de ces vestiaires « agro-pastoraux ». Le bois nécessaire à la création de la main courante et des tribunes fut emprunté à la forêt communale où le bureau se réunissait pour le couper le dimanche matin. Et comme on n’avait rien pour couvrir les tribunes, chaque membre du bureau fut invité à verser le montant du prix d’une tôle, destinée à abriter les spectateurs.

C’est ainsi qu’en présence du Narrossais champion du monde André Darrigade (et témoin du mariage de Georges) fut inauguré, « sous haute tension », le premier stade de Narrosse, le 15 septembre 1974.